Friday, September 22, 2006

SHOOTING DOGS


Les premiers jours du génocide rwandais à travers l'expérience de deux anglais se trouvant sur les lieux des massacres.

L'impuissance et la tragédie, formule qui pourrait paraître banale lorsque l'on parle de génocide, sont abordées d'un point de vue plus intime, par rapport aux autres films sur le même sujet, dans la nouvelle fiction de Michael Caton-Jones.

C'est l'histoire d'un prêtre et d'un jeune enseignant anglais au sein de l'école Technique Officielle lors du déclenchement du génocide. C'est l'histoire de l'école elle même, protégée par les forces de l'ONU et encerclée par des miliciens extrémistes. D'un point de vue plus général c'est l'histoire de tous ceux qui ont trouvé refuge dans l'enceinte de cet établissement.

C'est la tragédie personnelle de Joe, professeur, qui, dans la folie des événements, à laquelle on ne donne pas d'explications parce que il n'y en a peut-être aucune ou en revanche sont-elles trop nombreuses, se retrouve du jour au lendemain dépouillé de ses repères lorsqu'à un barrage routier il voit François, un des ses élèves, serrer fièrement dans ses mains une machette ensanglantée. La caméra figée pour quelques secondes sur François, qui avance lentement, donne l'impression que, même si on y réfléchissait pendant un siècle, on ne comprendrait pas ce qui fait qu'un homme gentil devient un bourreau.

L'impuissance ou la volonté d'être impuissant de la communauté internationale, selon les différents points de vue, thème centrale dans le génocide rwandais, est merveilleusement transposée ici grâce à la décision emblématique des militaires de l'ONU de tirer sur les chiens qui se nourrissent de la chair des cadavres autour de l'école ainsi qu'au prêtre qui leur demande si, par hasard, ils ont le mandat de tuer les animaux, étant donné qu'ils sont autorisés à faire recours aux armes juste pour leur défense personnelles, comme le capitaine le répète maintes fois.

Bien que les scènes de violence captent l'attention du public, les vécus personnels ne leur font pas la place: l'intimité des deux occidentaux est bien fouillée. Pourtant le rapport du prêtre avec la foi laisse perplexe le spectateur qui ne partage ni sa résignation ni la tranquillité qu'il dégage à la fin. Quand les forces internationales reçoivent l'ordre de quitter l'école, il sait ce que lui reste à faire: communier tous ceux qui vont être tués.

On ne peut que saluer l'implication de Caton-Jones pour s'être rendu personnellement au Rwanda et avoir écouté les histoires des rescapés; certains parmi eux ont aussi joué dans le film. Cependant pourquoi l'attention n'est pas dirigée davantage vers les sentiments des rwandais plutôt que vers les occidentaux présents au Rwanda?

Shooting Dogs, un film de Michael Caton-Jones, avec Claire-Hope Ashitey, Hugh Dancy, David Gyasi, Dominique Horwitz, John Hurt, Susan Nalwoga, Steve Toussaint. Sortie le 10 mars 200
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